Historique

1-Maître Guy Pelletier
2-Les Judokas qui ont marqué le club

1-Maître Guy Pelletier

Ceinture noire N° 159 – 9e dan

Né en 1921, Guy PELLETIER, débute le Judo en 1940, sous la direction de M. FELDENKRAIS  puis de  Maître Mikonosuke KAWAISHI, au  Jiu-Jitsu club de France. Le 1er Novembre 1942, il obtient sa ceinture noire 1er Dan, la n°7.  Très vite en 1945, il ouvre, rue Martel, son propre club : le JC Saint-Martin, et commence alors l’enseignement de cette discipline qui occupera toute sa vie. En 1947, il fait partie de la 1ère équipe de France contre l’Angleterre.

En 1952, le bruit circule dans le milieu encore très restreint du judo français, qu’un professeur exceptionnel envoyé spécial du Kodokan de Tokyo est arrivé à Toulouse. Avec quelques amis qui formeront avec lui en 1954: « la Fédération Française des Amateurs du Judo Kodokan »,  il va à Toulouse et découvre l’enseignement du Maître Ichiro ABE, à qui il restera fidèle. Jusqu’à la fin de son existence. Il sera chargé par celui-ci de développer en France, le judo du Kodokan. Mû par un désir de progression vers la perfection, il ne cesse d’étudier et fait jusqu’à un âge très avancé de nombreux stages au Japon, souvent accompagné de quelques élèves.

Au cours de sa longue carrière, le JC Saint-Martin remporte de nombreux titres. Guy PELLETIER  forme de nombreux champions, mais ce sont pour lui des accidents de la pratique du Judo. Son but essentiel est de former des élèves qui portent sa marque de fabrique en illustrant les principes fondamentaux de la discipline :

« Utilisation optimale de l’énergie physique et mentale » et « Entraide et prospérité mutuelle »,

Des  principes  applicables dans la vie quotidienne, professionnelle ou privée.  Effectivement sur tous les tatamis où ils passent, et c’est  la fierté du Maître, ses élèves sont reconnus à leurs manières félines de combattre,  de se déplacer, de rechercher la beauté des lignes et l’épuration du mouvement,  à leur utilisation maximale des déséquilibres, et minimale de la force physique, ce que l’on appelle communément dans le milieu Judo : « la forme de corps ». Sous sa coupe, chaque terme de la dénomination « Art Martial », prend tout son sens.

Simultanément à sa carrière d’enseignant de club, il est un temps entraîneur de l’équipe de France, Directeur sportif pour l’union Africaine et Malgache, instructeur international d’arbitrage, et surtout mène une carrière d’arbitre mondial. Il arbitre en effet plusieurs Jeux Olympiques, de nombreux championnats d’Europe et Championnats du monde, dont la finale des championnats du monde 1961 qui vit la victoire d’Anton GEESINK, premier Européen à vaincre les Japonais.

Au cours des années 50, le  JC Saint-Martin est transféré rue Notre Dame de Nazareth. Après quelques pérégrinations, le Dojo est finalement implanté dans l’ensemble « Jean Verdier » de la rue de Lancry. En Janvier 2008, Guy PELLETIER  est nommé 9ème Dan, tandis qu’au Japon, son Maître Ichiro  ABE reçoit le 10ème Dan, le plus haut grade attribué en Judo. La hiérarchie des valeurs est respectée, dit-il.

Guy PELLETIER qui souhaitait finir sa vie sur un tatami, ne sera pas exaucé. Rattrapé par la maladie, après avoir enseigné, jusqu’à près de 90 ans, et formé 1600 ceintures noires, il décède en Avril 2011. La municipalité du 10ème Arrondissement décide  alors de  donner à son dojo,  le nom de Guy PELLETIER.

Le dojo Guy PELLETIER est inauguré le 17 Avril 2013, en présence de représentants de la municipalité, de la Fédération française de Judo, de la ligue de Paris de Judo, de l’Amicale des Internationaux de Judo, et de l’Amicale des anciens élèves de Guy PELLETIER.

2-Les Judokas qui ont marqué le club

Maître Raymond Rossin

Ceinture noire N° 159 – 8e dan

Né en 1927 à Paris, il est du « premier cercle historique » du Judo français, de ceux qui ont appris avec Jean DE HERDT et ont participé avec lui à l’implantation du Judo en Belgique et aux Pays-Bas.
Il a commencé à Nanterre en 1942, à l’époque des bâches sur copeaux de bois en guise de tatamis, des poêles à charbons en guise de radiateurs et des kimonos loués…
Passionné et assidu, il a vite gravi les échelons, obtenant son 1er Dan à 22 ans. En 1951, à 24 ans, il devient 2e Dan.
Suivant son professeur d’alors aux Pays-Bas et en Belgique, il découvre, à ses dépends, un judo plus mobile et plus efficace, à travers Monsieur OUTELET qui deviendra par la suite Champion d’Europe et qui pour l’heure est un élève de Maître ABE.
Ayant appris que Maître PELLETIER, alors 3e Dan, pratiquait ce type de Judo, il est allé assister à un de ses cours.

« A la fin du cours, nous avons eu un entretien, lui ayant décliné mon grade, mon club et le nom de mon professeur, Maître Guy PELLETIER m’a fait savoir que si je souhaitais venir m’entraîner avec lui, il me fallait l’autorisation de mon professeur actuel pour pouvoir changer de club.
Or, à cette époque, il était pratiquement impossible d’obtenir cette dérogation.
Après deux mois d’attente et toujours sans autorisation, je suis retourné au club de Judo de Saint Martin pour avoir un nouvel entretien avec Maître PELLETIER.
Après une longue conversation durant laquelle j’ai dû montrer et démontrer toute ma motivation à vouloir pratiquer ce JUDO, nouveau pour moi, plus dynamique et efficace, Maître PELLETIER a accepté de me prendre à l’essai pour une durée de deux mois en 1952.
Voici donc comment j’ai intégré le club de Judo de Saint Martin. »

Doté d’une belle stature, il compte parmi les meilleurs poids lourds de son époque, International à plusieurs reprises entre 1957 et 1960, se frottant notamment à trois reprises au grand Anton Geesink.
Ses aptitudes pédagogiques naturelles le poussent ensuite vers l’enseignement, au travers de la création de clubs à Rueil et dans plusieurs grandes entreprises. La Fédération française en plein essor le remarque et l’appelle comme cadre technique, d’abord à Paris, puis en Normandie dont il va faire les beaux jours pendant une vingtaine d’années. Très en phase avec les présidents Jean Devarieux puis Maurice Bataille, il anime d’innombrables stages au CREPS d’Houlgate, favorisant l’émergence de jeunes pousses. En 1987, alors qu’il est devenu Directeur technique national adjoint, lorsque la Normandie enlève enfin un titre majeur, avec l’Alençonnais Fabien Canu, Champion du Monde à Essen, il fête « dignement » l’évènement…
Ayant débuté l’arbitrage en 1954, son accession au rang d’arbitre mondial, aux côtés de Guy Pelletier, en 1957 à MURRËN, l’amènera à faire plusieurs fois le tour du monde. Jeux pré-Olympiques de Tokyo au Japon en 1963-1964, Jeux Olympiques de Munich en 1972 (Où Maître PELLETIER avait trois élèves participants : Camara pour le Mali, Soumare pour le Sénégal et Brondani pour la France qui décrochera une médaille de bronze en OPEN), Jeux Olympiques de Montréal en 1976 et aussi ceux de Moscou en 1980.
Membre de la commission d’arbitrage de l’Union Européenne et de la Fédération Internationale, toujours aux côtés de son Maître, Il est resté instructeur et évaluateur des arbitres mondiaux jusqu’en 1975.

Une belle et longue carrière, saluée lors de son accession au 8e Dan, par plusieurs manifestations, dont une en Normandie en 2007 organisée par son disciple André Boutin, en présence de son épouse Georgette et de sa fille Nathalie, les femmes de sa vie.

Resté fidèle à Paris où il réside toujours, Raymond Rossin continue d’œuvrer dans son département des Hauts de Seine, où son immense expérience est appréciée, de visiter son Club de Rueil, dont il est président et qui porte son nom, et de respirer ce qui a été une de ses raisons de vivre : le Judo.

Maître Claude Mallet

Ceinture noire n° 104 – 7e Dan

Pionnier du judo français, Claude MALLET était titulaire de la ceinture noire n° 104. Champion de France en 1950 et 1951. International en 1950 et 1951, champion d’EUROPE par équipes en 1951 à PARIS, il fut le premier haut gradé du judo limousin, 7ème dan en 1986. Son parcours l’amena à s’impliquer aussi bien en AFRIQUE où il participa à la création de plusieurs fédérations nationales qu’en LIMOUSIN en tant qu’enseignant dans les clubs de FEYTIAT et AIXE sur VIENNE et président du comité départemental de la HAUTE-VIENNE. Son action dans le milieu du judo lui valut la Grande Médaille d’Or de la FFJDA en 1989 et la Grand Croix du Mérite des Ceintures Noires en 1992.

Maître Tito Carniato

Plus de 70 ans de judo – 2e Dan

Né en 1930, c’est dans un sous-sol d’une salle de classe de Charenton qu’il a « fait connaissance » avec le Judo en 1946. Des sacs de jute posés sur de la sciure en guise de tapis. Les enseignements se passaient essentiellement au sol et déjà il se spécialisait dans les étranglements. Le tapis qui n’en était pas un, les tenues qui tenaient plus du pyjama que du judogi, la non ventilation qui gardait l’odeur de sueur pestilentielle dans ce sous-sol mais surtout une anecdote le fit abandonner cette pratique au bout d’un an. Alors qu’il était en balade avec quelques copains, il a vu son professeur, ceinture noire, se faire éjecter d’un bar et prendre un « bourre-pif » qui le laissa sur le carreau. De toute façon, il pratiquait bien d’autres sports… De l’acrobatie, la natation, en compagnie des péniches, dans la Marne, le plongeon du haut du pont de Charenton (10 m) et surtout le football, parfois il faisait jusqu’à trois matchs par week-end.

Puis vint le service militaire, il y retrouve le judo plus par occupation que par passion. En 1952, à la quille, il découvre que le Judo Club de Charenton a ouvert ses portes par très loin de son domicile. Deux 2e Dan, élèves de Me KAWAISHI, enseignent les premiers de jambe et autres cinquièmes de hanche. Pendant quatre ans, il suivra Messieurs Michel BERGER et MORINI et deviendra ceinture noire.

« Puis, pour je ne sais plus quelles raisons, le club a plongé et il n’y avait plus d’élèves. C’est alors que je suis allé rue de la Montagne Sainte Geneviève, chez M. PLEE où le professeur était Claude HAMOT. »

C’est à la « Montagne » qu’il rencontre deux coureurs cyclistes judokas prénommés Jean et René.
C’est Jean TERRAZ qui le présentera à Maître PELLETIER au club Saint Martin, en 1956. Il ne quittera plus « SAINT MARTIN ».

« L’entraînement était très dur à Saint Martin. On faisait 10 à 15 randori dans la soirée. On se bagarrait pour rester sur le tapis et faire randori car si on sortait de la ronde, on ne pouvait plus monter sur le tapis car le dojo n’était pas grand et nous étions nombreux. »

« A Saint Martin, je découvre un judo de déplacement et les balayages que je ne savais pas faire. Chuter correctement aussi, c’est important. Et j’y apprends surtout le Tai Sabaki. Non pas le Tai Sabaki pour esquiver, mais le Tai Sabaki pour faire quelque chose. C’est une façon de se déplacer sans lever les pieds, à la japonaise. Ca nous a valu le surnom de « danseuse » au sein de la fédé. »

Techniquement, Maître PELLETIER lui apportait ce qu’il avait toujours cherché, une pédagogie suivant laquelle on lui expliquait le pourquoi de la technique. Physiquement, les judokas de Saint Martin avaient du répondant. Ils avaient tous un moral acier qui en faisaient de féroces battants.

« Même si j’avais été déjà bien initié par mes premiers professeurs, Le Maître nous enseignait ce qu’était vraiment le judo. Le Judo club Saint Martin était très fort. Quand on arrivait, on faisait le « ventilateur » pendant un an. Mais moi, personne ne me battait au sol : j’étais très fort surtout avec les étranglements. »

Tout ça, était possible grâce au Maître qui savait motiver et faire dégonfler les « grosses têtes ».

D’abord tailleur avec son père, Tito sera grossiste en produits alimentaires italiens pour ses cousins (Les CARNIATO) à Rungis. Fini la pratique du judo intensive, il pratiquera les après-midi avec les personnels de la restauration et de l’hôtellerie parisienne. Il n’abandonnera jamais. Même lorsque l’AHISP des VUILLEMENOT, PAGIS ou ERRE périclitera, il continuera à pratiquer d’abord à quatre ou cinq puis à trois, puis deux, puis seul. Il fera tous les stages d’été du Maître, à Vichy, au Perthuis. Il ira plusieurs fois au Japon, la dernière fois en 2010 où il pratiquera le Ne Waza avec Matsumura Sensei qui le fera venir à ses côtés pour le salut final.

Aujourd’hui, Tito travaille les kata (la grammaire du judo !), fait ses 3 000 entrées (trois mille Uchi Komi !) par jour et cherche toujours à comprendre l’essence du Judo.

 

« Je me pose toujours plein des questions. Mais comme j’ai encore la santé, il me semble que je suis la « voie », le chemin pour toujours m’améliorer. Je cherche toujours le petit « plus » qui va rendre le geste plus efficace. Et je trouve toujours des petits détails. Il faut se dire que ce n’est jamais fini, il n’y a jamais de fin, et il faut se remettre en question tout le temps. »

Maître Jean Vareilles

Plus de soixante ans d’enseignement judo – 5e Dan

Né en 1928, Il débute le judo en 1946 avec Maître KAWAISHI.
Travaillant dans l’hôtellerie, il ne pourra plus suivre ses cours et devra trouver une solution. C’est alors qu’il entend parler de l’ASIHP.
Il fera la connaissance de Maître PELLETIER en 1949 en suivant un de ses cours d’après-midi de 15 à 17h.
Il hésitera à quitter son premier professeur jusqu’au jour où il assistera à une démonstration d’un japonais 5e Dan, Ichiro ABE. Séduit par la mobilité et la fluidité du judo de la méthode Kodokan, il finira par choisir le club de judo de Saint Martin.
C’est sous l’enseignement de son Maître Guy PELLETIER qu’il passera son 1er Dan, le 8 avril 1956, son 2e Dan, le 7 mai 1959, son 3e Dan, le 13 août 1961 et son 4e Dan, le 21 avril 1963.
Très rapidement, en 1959, il se met à l’enseignement. Il ouvre son club à Fontenay-aux-Roses, le Judo Club Olympic de Fontenay aux Roses. En 1960, Il s’installe derrière le Café de la Gare (rue Gentil Bernard). Le tatami est alors bricolé avec des paillons de bouteilles de champagne recouverts par une bâche tendue. Son club compte alors plus de 45 adhérents !
Passionné par l’enseignement de sa discipline, tout en continuant sa pratique au club de Judo de Saint Martin, rue Notre Dame de Nazareth, va bientôt proposer ses service à un autre club.
En 1968, ayant sa résidence secondaire à Avallon, Jean, se donne la mission de faire découvrir aux avallonnais ce sport venu du pays du Soleil Levant.
Les statuts du Judo Club Avallonnais, rédigés par les docteurs Brulé et Lepetit, sont déposés à la sous-préfecture d’Avallon le 2 janvier 1968 (la parution au journal officiel date du 1er février 1968).
Grâce à la municipalité de l’époque, le club dispose d’une salle au lycée des Chaumes. Jean enseigne le judo à une quarantaine de néophytes.
Il y fera venir des grands noms du Judo. D’abord Maître PELLETIER, chaque fois qu’il se déplaçait en bourgogne pour diriger l’école des cadres techniques (formation des professeurs de judo à l’époque) et nombre des japonais qui passaient par Saint Martin, mais aussi son Ami et partenaire d’entraînement, Yves KLEIN, professeur de Judo, 4e Dan du Kodokan et surtout Artiste majeur du XXe Siècle.
De cette qualité des intervenants, au fil des années, le Judo club Avalonnais inspira de nombreux enfants dont un « petit » Frédéric Demontfaucon qui sera médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000 et Champion du Monde à Munich en 2001.

Jean a participé à de nombreux stages organisés par Maître Guy PELLETIER mais il garde un souvenir particulier de son tout premier stage à Thonon les Bains en 1960.

« Je me souviens encore très bien d’avoir assisté à un stage d’été que le Maître organisait à Thonon les Bains en 1960, en compagnie de Jean-Claude Brondani. On en a franchement bavé et il faut dire que le Maître ne nous faisait pas de cadeau ! C’était très éprouvant, mais il nous affirmait que c’était ainsi que l’on s’entraînait au Japon pour devenir fort.
On lui obéissait parce que nous étions tous très enthousiastes et très motivés. »

Jean a aussi participé à des stages au Japon avec le Maître. Il lui a même permis, en 2006, de rencontrer personnellement Monsieur Risei KANO, le fils du créateur du Judo, au siège même du Kodokan.

Toujours enseignant et toujours licencié au club de judo de Saint Martin, le 22 mars 2007, la commission des grades de la FFJDA lui attribuait le 5e Dan.

« J’avais récupéré le bar qui était installé à l’origine à Notre Dame de Nazareth. Je l’ai installé dans ma résidence secondaire à Avallon. En retour, j’avais beaucoup de plaisir à y recevoir le Maître qui ne manquait jamais de venir faire une halte à chaque fois que ses fonctions l’amenaient en Bourgogne. »